L’homme ne trouve plus son sommeil
Willy Petitpain
installation – dessins – gravures – performance
Vernissage le samedi 12 novembre 2016
Alors que la Foire de Liège nous éclaire de ses lumières acidulées et imprime des lacquemants sur nos papilles, la galerie prolongera l’ atmosphère de fête, Petitpain déposera et déballera ses valises aux Drapiers à partir du 12 novembre. Au programme, acteurs hauts en caractère, couleurs festives et mise en scène théâtrale. Ce n’est pas à un spectacle, mais bien à une exposition d’art contemporain que vous convient Les Drapiers. Depuis sa formation à La Cambre (1999), Willy Petitpain déploie un univers foisonnant qui touche les domaines de la mode et des arts plastiques, liant des techniques, des matières et des références hétéroclites. Ceux qui tendent l’oreille à l’imaginaire pourraient bien entendre un air de musique d’une troupe de cirque annonciatrice de numéros rocambolesques.
Tel un roulement de tambour ou un tour de manège, l’univers de Petitpain retient la substance de ce qui annonce l’événement, de ce qui introduit le mouvement pour faire récit. Cette intensité se retrouve dans les narrations empreintes de fantastique qui s’associent aux œuvres. Ce sont des pièces dans lesquelles se nouent des histoires faites de héros et d’embûches. Les aplats de couleurs pastel ou plus vives s’invitent en équilibristes, déstabilisant une composition et dynamisant l’ensemble.
Les acteurs fictifs de l’artiste, de la culture (personnages de livres, de dessins animés), de l’Histoire (la famille du dernier tsar, les enfants d’Ivan le Terrible…) distillent parfois les échos d’une ritournelle plus grinçante. Ainsi les traits d’un visage arborent une expression ou une attitude à double tranchant, joyeuse et inquiétante, aux détours d’un rictus, aux détours d’une main. La lithographie confère la possibilité de réaliser des portraits aux traits de différentes épaisseurs et intensités. Des personnalités émergent des tracés, libérant une humeur contenue, un état intérieur dissimulé par l’image inconséquente que les adultes ont des enfants. Davantage qu’un décor, les lithographies et l’installation de Petitpain délivrent les échos des exaltations spontanées de l’enfance. Pas d’énonciation nostalgique d’une époque donc, mais un recours à l’intensité des états émotionnels de l’enfance et des événements relatifs à cette période pour conduire le spectateur dans un espace charnière, à fleur de peau.
En fusionnant des références, des codes de l’art contemporain et des attitudes du quotidien, le travail de Willy Petitpain nous invite à un moment de partage entier, qui tout en étant sérieux, n’en est pas moins festif.
Anna Ozanne