Edith Dekyndt
Dans le cadre de la BIP, Biennale de l’Image Possible.
À peine sortie d’une grande rétrospective au Consortium de Dijon et au Wiels à Bruxelles, Edith Dekyndt présente son travail à Liège : un projet créé ad hoc pour les espaces singuliers de la galerie Les Drapiers.
Née à Ypres en 1960, Edith vit actuellement entre Tournai et Berlin. Ses œuvres (vidéos, photographies, dessins, sculptures) sont issues de l’observation des phénomènes physiques à travers des expérimentations empiriques où l’artiste questionne la perception, le visible et l’invisible, notre capacité ou incapacité de contrôler la phénoménologie du quotidien.
La contamination matérielle, organique, spatio-temporelle fait de son œuvre un terrain de recherche en mutation perpétuelle. Son art est plus que jamais expérience.
Pour sa première exposition personnelle à Liège, la galerie Les Drapiers accueille son travail comme une sorte de boîtier à compartiments. La sélection des œuvres suit l’architecture poétique du lieu : un ensemble de petits espaces, chacun avec une planimétrie, une lumière et une atmosphère différente, deviennent le scénario d’une récolte inédite. Il s’agit de pièces intimes, parfois jamais montrées au public. Œuvres et documents qui ont proliféré au cours des années dans l’habitation et l’atelier de l’artiste, restés ancrés à la sphère privée de la vie d’Edith ou de ses amis collectionneurs, sont aujourd’hui accessibles au regard du public, tout au long d’un parcours qui en conserve l’esprit intime et discret, à la fois de l’enveloppe et du contenu : substance organique, morceaux de l’histoire de l’artiste.
Ici l’image est trait, matière ou document mais surtout assemblage et agencement. Les éléments du passé et du présent, fragments d’un art qui oscille entre privé et public, fait d’innombrables tesselles d’une mosaïque, mutable, en devenir.
L’artiste s’arrête, observe et se laisse observer.
Félix Taulelle, assistant d’Edith depuis 2013, fouille, choisit, découvre et donne à redécouvrir des œuvres produites au début du parcours de l’artiste.
Un recueil d’images filmées par l’artiste, archives, anciens catalogues, gouaches sur ardoise, dessins à la mine de plomb, série d’yeux, laques de sang, une toile de 1987 où Edith expérimente pour la première fois l’utilisation du noir pour « soustraire » l’objet. Des figurines, vestiges d’une installation de 1996, deux dessins sur velours… La plupart des pièces présentées appartient aux années qui précèdent l’exposition «Laboratory 01 » dans la galerie Espace l’Escaut à Bruxelles en 1995.
Ce qui intéresse l’artiste est d’intervenir dans l’espace spatio-temporel et de créer un parcours interstitiel à travers son travail. La galerie Les Drapiers lui rappelle sa maison et son atelier. L’œuvre s’incruste dans les anciens murs comme une protubérance naturelle, et annule les distances d’un art exposé. L’architecture nous accompagne dans une itération intérieur/extérieur comme une sorte d’itinéraire fluide à travers les inconnus ou les peu connus d’une artiste désormais célébrée internationalement.
Une exposition introspective, plus qu’une rétrospective, les pièces présentées sont des œuvres d’atelier ou des travaux directement passés des mains de l’artiste à ses amis. Elles racontent les essais et les choix, son intérêt pour les matières et les textures, la transformation de la vie et la perception de l’instant. Mais il s’agit également de repères documentaires de son travail, qui deviennent des organes vitaux de son être en devenir, persona et artiste.
L’exposition est une expérience de proximité et de confiance.
Avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles, de la Région Wallonne et de la BIP, Biennale de l’Image Possible.